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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/325

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vage énergie, formaient une vivante antithèse avec les visages placides, à la gaîté bonasse, des peones qui, à l’autre extrémité de la propriété, dans le village affecté à leur résidence, fêtaient les fiançailles de l’haciendero, à grand renfort de maté (thé brésilien), de mescal et de chiripi (liqueurs fermentées).

Ces cinquante individus étaient les compagnons du Poison Bleu.

Disséminés à l’ordinaire le long des rives du Jurus et de l’Amazone, ils avaient été rappelés les jours précédents, et se trouvaient ainsi réunis pour prendre part à l’allégresse générale.

Buvant, jouant, sacrant, ils remplissaient le hall d’un vacarme infernal.

Parmi les groupes, Crabb et Candi se promenaient fraternellement.

Ils commandaient en l’absence d’Olivio, de Kasper, de José, de Cristino, actuellement attablés à l’hacienda, avec le gouverneur Pedro, le judice geral et les autres dignitaires.

Candi avait accepté ce poste sacrifié de la meilleure grâce du monde.

— Arrivés les derniers, avait-il dit, zé né veux priver personne dé son plaisir. L’amico Crabb pensé comme moi.

Crabb avait appuyé d’un : oh ! yes, bien senti. Et il avait été convenu, à la satisfaction générale, que Kasper, principal lieutenant de Avarca, assisterait au dîner de fiançailles, et que Candi, Crabb, enfermés pendant ce temps au kiosque Rouge, y seraient remplacés par ledit Kasper, durant la soirée qui suivrait le repas, soirée à laquelle ils seraient conviés.

À cette heure, errant parmi les tables, les bancs, occupés par les buveurs, ils souriaient aux conversations.

Siengre da Cristo (sang du Christ) ! s’exclama tout à coup un géant barbu, employant un juron de l’idiome indien-portugais, mes bons amis, nous manquons au premier devoir d’un caballero.

Sa voix mugissante appela l’attention de tous.

Vingt bandits interrogèrent :

— Que raconte Tomaso ?