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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/328

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— Alors, je disais bien. Notre politesse a été perdue pour elle ; elle n’existe pas à ses yeux.

À ces paroles, le silence se rétablit comme par enchantement. Les compagnons du Poison Bleu comprenaient enfin l’orateur. Celui-ci promena sur la foule son regard aviné.

— Ah ! ah ! On ne se moque plus de Tomaso.

— Non, non, nous avions tort.

— Je vous pardonne, fit l’ivrogne avec un geste bénisseur, je vous pardonne. Mais puisque je me suis donné mission de vous instruire, je continue.

— Nous écoutons, nous écoutons.

Tandis que s’échangeaient ces répliques, Crabb et Candi s’étaient insensiblement rapprochés d’une dalle, située à peu près au centre de l’édifice, et que les rainures, indemnes de ciment, indiquaient comme la trappe permettant de descendre à l’étage inférieur.

Tous deux étaient pâles.

— Zé crois que cela va se gâter, murmura l’Italien.

— Yes, mu dear, ces stioupides ont le vin désagréable.

— Et l’hacienda étant à cinq kilomètres…

— Trop loin pour prévenir mister Olivio.

— Qué pourrait pas sé déranzer, povero. Oun soir dé fiançailles, il faut payer dé sa personne.

— Alors ?

— Alors zé crois qu’il faut compter seulément sour nous.

— All right !

— Et nous faire touer bravement, si ces facchini viennent se jeter à la traverse dou plan de notre figlio.

— Faisons touer nous-mêmes.

Cependant Tomaso continuait son discours.

— Donc, mes vautours chéris, nous avons bu à la señora et elle l’ignore.

— Elle l’ignore !

— Elle est en droit de penser : Ces caballeros sont de simples peones, ignorants des règles les plus élémentaires de la galanterie.

Un concert de jurons ponctua la phrase.

— Quel serait le remède ? poursuivit le géant.