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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/329

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Et comme tous se taisaient :

— Je vais vous le dire.

— Dis, dis, Tomaso.

— Pour qu’elle ne pense plus cela, que faut-il ? Qu’elle soit persuadée du contraire.

— Naturellement.

— Et pour la persuader, il est nécessaire de lui donner la preuve de notre urbanité, de notre courtoisie.

— Comment faire ?

— En lui permettant d’entendre nos paroles.

— En levant la dalle, alors ?

— Mieux que cela.

— Quoi donc ?

— En la faisant monter elle-même ici, en la priant de présider notre banquet.

Une acclamation rugie accueillit cette péroraison.

En une seconde, les bandits furent debout ; mais ils s’arrêtèrent stupéfaits.

Dressés sur la dalle désignée par l’athlète, Crabb et Candi, dos contre dos, afin de faire face partout à la fois, se tenaient immobiles, le revolver d’une main, la navaja de l’autre.

L’Italien s’inclina et un vague sourire se jouant sur son visage inquiet :

— Zé souis aux ordres dou signor Olivio. Zé dois touer lé premier qui s’approchera.

By God ! Moi je touerai le second, fit gravement Crabb.

Leur attitude résolue en imposa aux assistants. Le nom redouté d’Olivio causa à plusieurs un frisson d’inquiétude.

Peut-être les bandits eussent-ils renoncé à leur idée si Tomaso, auquel ses libations ne laissaient plus une conscience suffisante de la situation, ne s’était entêté dans son idée avec l’obstination des brutes.

— Olivio, mugit-il, a choisi la fiancée qui lui plaisait. Je ne vois pas pourquoi il nous interdirait d’agir de même.

Du coup, les pères adoptifs de Jean tressaillirent.