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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/33

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— Voyons, reprit-elle, où sommes-nous ?

Et, s’adressant directement à Jean :

— Monsieur !

Il leva la tête.

— Monsieur, reprit-elle, j’ai peur… répondez… Pourquoi suis-je ici ?

Il eut un geste désolé.

— Le mont Pelé… l’éruption.

— L’éruption ! redit son interlocutrice du ton d’une personne qui ne comprend pas.

Il étendit le bras vers l’extérieur :

— Voyez, il pleut de la cendre, il tombe du feu.

Elle frissonna, et tout à coup, d’un accent déchirant :

— Mon père, mes frères, où sont-ils ?… Oh ! je vous en supplie, parlez.

Jean balbutia douloureusement :

— Je ne sais pas.

Avec une muette épouvante elle le considéra ; puis, se traînant auprès de lui, suppliante, éperdue :

— Comment ?… J’ai mal entendu… Vous ne savez pas ?

— Pardonnez-moi… Je ne pouvais essayer de sauver qu’une personne.

— Une seule ?

— Je n’ai pas réfléchi ; Je vous ai emportée au galop de mon cheval.

Il désigna le cadavre de l’animal.

— Et peut-être, acheva-t-il d’une voix sourde, n’ai-je fait que prolonger votre agonie !

Il s’arrêta.

La jeune fille crispait désespérément ses mains sur son front.

— Qu’est-ce que tout cela signifie ? balbutia-t-elle…

Je ne vous connais pas et vous avez tenté de me sauver.

— Écoutez-moi, mademoiselle… je vais tout vous dire.