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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/32

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Torturé par ces idées, le pauvre garçon tremblait de voir sa compagne ouvrir les yeux.

Que lui dirait-il ? Comment supporterait-il ses reproches ?

Puis un espoir lut vint.

Peut-être l’habitation Roland avait été épargnée. Si étranges sont parfois les manifestations volcaniques que tout peut être admis.

Comme sa situation changerait s’il en était ainsi ! Il voulut savoir et se glissa hors de l’abri de la crevasse. Mais bien vite il dut rentrer.

La cendre tombait drue, aveuglante, rendant l’air irrespirable. Un fragment de ponce brûlante avait atteint Jean à la joue, y traçant une balafre sanglante.

Sortir était impossible. Il fallait attendre la fin de l’éruption, la fin du terrible bouleversement sismique.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Mon Dieu ! je rêve !… ce brouillard… ce cheval mort… cet homme !

Ces paroles flottèrent dans l’air tout à coup. Jean avait frissonné. Sa compagne sortait enfin de l’anéantissement du sommeil.

Dressée sur son séant, ses grands yeux errant autour d’elle avec une expression stupéfaite, elle murmurait, l’esprit encore engourdi par les vapeurs du narcotique :

— Ce n’est pas ma chambre… où suis-je donc ? Est-ce que je deviens folle ?

Et lui, tremblant, toutes les réflexions faites durant la longue attente lui remontant à la fois au cerveau, courbait la tête, n’osant parler, l’âme déchirée à la pensée qu’il allait être le messager de malheur, l’annonciateur des deuils.

Cependant la physionomie de la jeune fille s’éclairait d’intelligence, les dernières traces de l’hébétement soporifique s’effaçaient.