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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/342

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Le cheval, ne se sentant plus retenu, bondit en avant ; bientôt coursier et écuyère rejoignirent Massiliague et disparurent dans la nuit.

Quand le bruit du galop même se fut éteint, Candi appuya amicalement la main sur l’épaule de Crabb :

Amico, nous avons obéi à notre Jean.

Yes.

— Alors, rien né nous rétient plous ?

— Je pense ainsi.

— En ce cas, allons achever la soirée chez lé signore Olivio de Avarca.

Candi eut un rire ironique et acheva :

— Notre padrone (maître) bien-aimé.

Cependant Massiliague et Ydna, éperonnant leurs montures, galopaient à travers la plaine noyée d’ombre.

Ils traversaient les plantations de l’hacienda, désertes en ce jour, où les peones fêtaient les fiançailles du maître.

Soudain, le Marseillais retint son cheval en poussant un cri bref :

— Halte !

Dolorès obéit. Presque aussitôt, le claquement sec d’un revolver que l’on arme se fit entendre. En regardant avec attention, la jeune fille distingua des silhouettes humaines, immobiles en travers du chemin.

Mais avant qu’elle eût pu s’inquiéter, une voix qui résonna jusqu’au fond de son cœur, s’éleva :

— Qui marche la nuit à la grâce de la Madone ?

Une exclamation joyeuse de Scipion répondit :

— Francis !

— Et Pierre.

— Et Marius, toujours le fidèle serviteur de Monsieur.

Francis, qui était resté aux environs de l’hacienda tandis que le Marseillais et Jean allaient attaquer Olivio dans son repaire, s’approcha lentement d’Ydna. Il fléchit le genou :

— señora mestiza, dit-il d’un ton profond, tu as jugé bon de nous quitter à Manaos ; sans doute tu avais tes raisons ; je ne récrimine pas. Mais je