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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/351

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Et, très ému en apparence, le faux Allemand se jeta dans les bras du prisonnier, sans que les lanceros songeassent à s’y opposer.

— Un ennemi terrible, lui glissa Olivio à l’oreille, ce Jean.

— Bon, demain je serai à Sao-Juan-Juara, où le drôle est en prison, et après demain, je vous donne mon billet que vous pourrez dormir sur les deux oreilles, il ne vous ennuiera plus.

Olivio lui serra fortement la main, avec ce seul mot :

— Merci.

Puis il s’éloigna au milieu de ses gardiens…

Alcidus était demeuré seul au milieu du vestibule.

— Cela devait arriver, grommela-t-il, le sang-froid a des bornes, surtout chez une pauvre enfant, dont chaque parole prononcée ravivait le deuil. Mais quoi, il y a des preuves contre nous, puisqu’elle a avoué que la mort des drôles du kiosque Rouge devait m’être attribuée ; et il n’y en a pas contre ce coquin qui s’en va. L’enquête tournera à son avantage. Nous serons condamnés, moi par contumace. Mille diables ! les derniers problèmes de Polytechnique étaient moins ardus à résoudre que cette situation !

À ce moment Stella parut, suivie de plusieurs lanceros.

En voyant Alcidus, elle eut un cri, courut à lui et d’une voix tremblante :

— Pardonnez-moi ! Je n’ai pas eu la force !…

— Bah ! ayez courage ; la bande est détruite. Nous sortirons vainqueurs de la lutte.

Il lui baisa tendrement la main, et remit la captive aux soldats qui s’étaient arrêtés à deux pas. Il la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle eut disparu. Alors il murmura d’un ton mélancolique :

— Pauvre Stella ! Je lui promets la victoire, à l’heure même où notre cause me semble perdue !