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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/350

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— Au nom de la Madone, revenez à vous, Stella ; vous feriez croire que vous étiez avertie par avance du crime atroce commis au kiosque Rouge.

La jeune fille haussa les épaules :

— Je veux qu’on le croie, parce que cela est vrai.

— Vrai ?…

— Jean que j’aime ; Jean, qui m’a sauvée à la Martinique, qui m’a protégée, qui sera mon époux ; Jean me venge.

Et comme Pedro s’écriait :

— Que signifie tout cela ?

Olivio lui coupa la parole :

— Je n’en sais rien, mon frère ; mais je dois à mon honneur de réclamer la lumière ; n’ayant rien à cacher, je n’ai rien à redouter. Par quel artifice a-t-on détaché ma fiancée de moi, l’a-t-on transformée en ennemie ? Mystère ! Laissez-moi vous présenter une requête qui vous prouvera ma bonne foi.

— Je vous écoute, Olivio.

— Mon frère, il y a des juges dans la cité de Sao-Domenco.

— Naturellement.

— Eh bien, je vous supplie de me faire arrêter, d’agir de même à l’égard de cette pauvre enfant, et de prescrire une enquête approfondie. Malheur à qui sera reconnu coupable !

Tous applaudirent.

Des mains se tendirent vers Olivio. Son audace venait de remporter un nouveau succès.

Dix minutes plus tard, deux pelotons de lanceros pénétraient dans la salle du festin.

L’un devait escorter l’haciendero jusqu’à Sao-Domenco. L’autre accompagnerait Stella.

Le sourire aux lèvres, le chef de la bande du Poison Bleu prit place au milieu dès soldats et sortit avec eux, après avoir adressé un salut confiant à ses hôtes.

Comme il traversait le vestibule, il croisa Alcidus qui venait du dehors.

— Vous ?… fit ce dernier avec étonnement.

— On m’arrête, notre affaire sera retardée.

— Ah ! meinherr, quelle aventure !