Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’en doit pas être le tyran. Aussi je ne te tirerai pas les oreilles, et t’engagerai seulement à t’éloigner au plus vite.

L’irascible moutard ne se fit pas répéter l’injonction ; il détala à toutes jambes, tirant son chien au bout de sa laisse.

Sur le pas de la porte, le señor Pantario se dressait, majestueux et bonasse, très fier d’héberger le gobernador, président de l’État de Amazonas.

Alcidus le salua profondément.

L’aubergiste riposta avec une visible satisfaction.

— señor primo, commença respectueusement le courtier, Son Excellence Pedro de Avarca est votre hôte ?

— Mon hôte vénéré, répondit Pantario en se rengorgeant.

— Pourriez-vous m’indiquer où se trouve son appartement ?

L’hôtelier sursauta :

— Est-ce que vous vous figurez que le gobernador reçoit ainsi ?

— Je lui suis envoyé par son frère.

À ces mots, le visage du maire s’éclaira :

— Oh ! oh ! que ne le disiez-vous ?… Je vais vous conduire.

— Non, ne prenez pas cette peine. Je m’en voudrais de déranger un personnage tel que vous, ayez seulement la bonté de me dire…

— Chambres 7, 8 et 9.

— Merci.

De nouveau le courtier balaya l’espace d’un salut respectueux, puis il se glissa dans l’hôtellerie.

L’escalier raide et étroit se présentait devant lui. Il le gravit, parvint au premier étage, que desservait un long couloir-véranda, et trouva sans peine les portes ornées des chiffres énumérés par le digne Pantario.

À cette heure, Pedro, enfoui dans un fauteuil de la chambre 9, transformée en salon, réfléchissait profondément.

Certes le jugement rendu en faveur de son frère l’avait comblé de joie. Aux yeux du public, Olivio