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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/354

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Aussi vite que le permettait sa claudication feinte, il s’engouffra dans l’Avenida do Liberdade (avenue de la Liberté), et atteignit ainsi la Praça do Municipio (place de la Municipalité).

À l’angle de la place, il fit halte.

En face de lui se dressait le municipe ou mairie.

Les ressources de la petite cité ne lui avaient pas encore permis d’édifier un monument communal digne de ses administrateurs.

Aussi les services municipaux étaient-ils installés dans l’habitation do primo (du maire), señor Pantario, lequel, à ses fonctions publiques joignait celles d’aubergiste, restaurateur, couchant les voyageurs à pied ou à cheval.

C’était là que, vu la pénurie de logis dans la bourgade, le gobernador Pedro avait pris gîte durant le procès.

Ses lanceros campaient dans les cours de la prison.

Quant à ses divers compagnons de voyage, les notables de Sao-Domenco avaient tenu à honneur de se les partager.

Deux hommes, dans lesquels il était facile de reconnaître Scipion Massiliague et Francis Gairon, causaient à peu de distance.

Sans paraître les remarquer, Alcidus dirigea sa marche de façon à les frôler au passage :

— Le gouverneur Pedro est-il à l’auberge Pantario ? murmura-t-il en passant.

Les causeurs ne firent aucun mouvement. Sans se retourner, ils répondirent :

— Oui.

Lentement Alcidus continua son chemin.

Les yeux fixés sur le logis Pantario, il ne vit pas à terre un petit chien qu’un gamin tenait en laisse, son pied s’appuya sur la patte de l’animal, qui se répandit en cris perçants.

Le gamin, rouge de colère, lui lança la célèbre apostrophe portugaise :

O homem e o rei dos seres inferiores, não deve ttr tyranno d’elles !

— Certes, mon ami, répondit le courtier en souriant, l’homme est le roi des êtres inférieurs, mais il