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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/358

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Doucement l’ingénieur secoua la tête :

— Je ne puis répondre à cette question.

— Pourquoi ?

— Parce qu’un mot imprudent me priverait de l’unique arme dont je dispose pour défendre le bon droit.

Le gouverneur eut un geste violent

— Toujours des mystères !

— Les circonstances seules en sont cause, señor. De par leur fait, Stella, mes amis, moi-même, n’avons, pour preuve de notre véracité, que notre parole.

— C’est trop peu en face d’un tribunal.

— Je le sais bien. Notre loyauté, pour éclater au grand jour, a besoin que le coupable lui-même dévoile ses crimes, en montrant dans quel but il a agi. Et, pour cette démonstration, il serait nécessaire que Stella fût libre.

— Vous m’avez déjà dit cela, lors de notre première entrevue.

— Cela est vrai, señor. J’espérais arracher la pauvre enfant au señor Olivio. Hélas ! l’événement en a décidé autrement.

Les mains crispées, une sourde colère montant en lui, le gouverneur interrompit :

— Ah ! c’est véritablement trop exiger de moi. Vous, vous gardez votre secret, et moi, moi, le premier magistrat de l’État, je dois vous croire sans preuves, je dois m’incliner devant vos assertions non vérifiées.

— Le premier magistrat de l’État doit surtout protéger les faibles.

Pedro se prit à ricaner :

— Les faibles, et ces cinquante hommes exterminés au kiosque Rouge ?

— Des meurtriers ; ils avaient tué beaucoup à la Botearia de Teffé et l’Amazone a charrié de nombreux cadavres.

— De malheureux noyés. Durant ce procès, je me suis renseigné. Aucun des corps retrouvés ne portait trace de violence.

— C’est qu’Olivio sait tuer sans laisser de traces.

— Allons donc !