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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/362

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quelle part y prendra la maison Muller et Muller que je représente.

Sans en être prié, Alcidus s’assit, et tandis que les cris d’appel des poursuivants de Jean retentissaient dans toute l’hôtellerie, le poursuivi, à l’abri de son déguisement, se prit à développer, avec une placide monotonie, en phrases lourdement caressantes, le petit discours d’introduction prononcé à son entrée.

Quand Pantario, essoufflé, suant, congestionné, suivi de tout son personnel hors d’haleine, vint annoncer au señor gobernador que tous avaient eu beau courir de la cave au grenier et du grenier à la cave, jusqu’à complet épuisement, aucun inconnu n’avait été aperçu, cette nouvelle provoqua chez le fonctionnaire un véritable accès de rage, Alcidus se leva paisiblement, pour ne pas se montrer indiscret déclara-t-il, puis saluant Pedro, saluant l’aubergiste et jusqu’aux marmitons, avec une politesse claudicante et germanique, il se retira, sans que personne eût le soupçon que ce boiteux était tout simplement l’homme qui venait de mettre en ébullition la mairie-hôtel.

Avec le calme le plus admirable, le faux courtier traversa la praça do Municipio et refaisant en sens inverse le chemin qu’il avait parcouru tout à l’heure, il se trouva bientôt dans la caes dos Soldados.

Vers le milieu de la rue, le jeune homme fit halte devant une petite porte basse, resserrée entre un magasin d’épicerie et une échoppe d’habits d’occasion.

À l’abri des lunettes bleues, ses yeux explorèrent les environs. N’apercevant aucun promeneur suspect, Jean frappa plusieurs coups espacés de façon particulière.

Quelques secondes s’écoulèrent, puis l’huis s’ouvrit sans bruit pour se refermer quand le visiteur fut entré.

Celui-ci se trouva dans un couloir sombre.

— Viens, figlio, susurra une voix connue.

— C’est toi, Candi.

— Oui.

— Nos amis sont tous là ?

— Tous.