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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/363

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— Conduis-moi.

Un glissement sur les dalles indiqua que l’Italien, préposé à la garde de la porte d’entrée, se mettait en marche.

Sans hésitation, en homme habitué aux êtres, Ça-Va-Bien le suivit.

Ainsi, il parcourut le corridor dans toute sa longueur, atteignit un escalier étroit, dont les spires à courte évolution montaient vers le plafond, il escalada les marches hautes et raides.

Au premier étage, éclairé vaguement par une étroite lucarne ménagée dans la toiture, Candi poussa une porte et annonça :

— Le signore Jean.

Puis il s’effaça pour laisser passer le jeune homme.

Assez spacieuse était la salle où pénétra l’ingénieur. Ydna, Massiliague, Francis, Marius, Pierre et Crabb s’y trouvaient réunis.

Tous s’étaient levés. Tous interrogèrent d’une même voix :

— Eh bien ?

Jean secoua la tête.

— Pedro de Avarca a refusé.

— Refusé !

— Stella est-elle donc perdue ? gémit la prêtresse d’Incatl.

L’ingénieur « eut un sourire :

— Vous voyez le sourire sur mes lèvres, mademoiselle, et vous demandez si elle est perdue.

— C’est vrai, j’ai tort ; mais l’affection obscurcit mes yeux. Songez donc, elle a été si bonne, si tendre pour moi ! Qu’étais-je ? Une inconnue, et cependant, de suite, elle m’a défendue, elle s’est dévouée à moi.

Il y avait une ardente tendresse dans l’accent de la prêtresse.

De fait, la jeune fille élevée dans les retraites mystérieuses d’Incatl, loin des caresses de la famille, avait été brusquement conquise par la douceur, l’amativité de sa compagne de voyage.

Leurs âms meurtries, marquées de souvenirs sanglants, s’étaient en quelque sorte fondues, identifiées, et ces mots :