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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/375

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gardaient naguère, étaient closes, enfermant les spectateurs dans la salle.

Une clameur formidable accueillit ce dénouement.

On se rua sur les portes. En quelques instants, elles volèrent en éclats. Mais si rapide qu’eût été la destruction de l’obstacle, elle avait demandé une ou deux minutes.

Ceux qui venaient d’immobiliser la poursuite, n’étaient plus là.

En vain les peones parcoururent les rues avoisinantes, en vain Olivio se précipita sur la scène, interrogea l’imprésario, les employés, les artistes, les auteurs de la manifestation demeurèrent introuvables.

Ils semblaient s’être évanouis en fumée.

Personne ne les avait vus passer.

Et cette disparition mystérieuse aidant, les paroles de Dolorès prenaient, dans l’esprit du public, crédule et superstitieux, la valeur d’une prophétie.

— La Madona protège la señorita Stella, disait-on.

— Elle ne permettra pas qu’elle meure.

— La Virgen de la Independancia l’a déclaré.

Les señores hochaient gravement la tête, répondant aux questions apeurées des dames :

— Peut-être la reine des Étoiles fera-t-elle un miracle.

La représentation se ressentit de la préoccupation générale. Tandis que les acteurs s’escrimaient de leur mieux, qu’Olivio grinçait des dents, que Pedro demeurait taciturne, en proie à un étrange malaise, tout bas la foule murmurait, l’affirmation prenant peu à peu la consistance d’un article de foi :

— La sainte des saintes fera le miracle !