— Pourquoi ? clama Olivio, oubliant qu’en présence du gouverneur, il eût dû garder le silence.
Mais l’émotion était telle, que nul ne remarqua cette infraction aux règles de l’étiquette. L’exécuteur expliqua :
— Les montants sont fendus, déviés, le pignon de la roue ne mord plus sur la crémaillère.
— Quelque misérable aura profité de l’inattention de vos aides.
L’homme noir secoua la tête :
— Non, señor, ce n’est pas une main humaine qui a produit cela.
— Et qu’est-ce donc ?
— Je ne sais, señor, mais je n’aperçois la trace d’aucun outil.
Le peuple répétait :
— Ce n’est pas une main humaine.
— Aucun outil.
Et une voix perçante clama :
— C’est la Madone qui ne veut pas que la jeune fille meure. Elle tient sa promesse.
— Oui, oui, c’est la Madone ! rugirent cent voix.
Olivio grinça des dents.
— On a acheté le bourreau ! fit-il avec rage.
Pedro, très pâle, baissa affirmativement la tête. Il se souvenait des paroles prononcées par Jean au logis Pantario :
— L’exécution n’aura pas lieu, parce que je ne le veux pas.
— L’atteinte portée à son pouvoir, l’idée que cet inconnu pourrait croire à la victoire, le jetèrent hors de lui-même :
— La garrotta va être remise en état immédiatement.
La foule gronda.
— Si la Madone a pris la condamnée sous sa protection, continua Pedro, sentant la nécessité de faire une concession à l’opinion, elle la protégera encore.
Oui, oui, clamèrent les spectateurs.
— Mais si ce n’est pas elle, il serait honteux pour la population de Sao-Domenco d’être bernée par d’audacieux malfaiteurs.