Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nul ne protesta, cette fois.

— Donc, à trois heures, la condamnée sera amenée sur cette place et exécutée, saut intervention de la Madone.

La femme chargée du marmot éleva de nouveau la voix :

— Et si la Madone intervient, il sera fait grâce à l’innocente ainsi désignée.

Le gouverneur se tut, hésitant.

— Grâce ?… lança l’organe clair de la femme.

— Grâce ! grâce ! redit la foule.

Pedro haussa les épaules :

— Il faut céder.

— Céder ? gronda Olivio livide de colère.

— Eh ! la mort de cette fille ne vaut pas une émeute. Étant donnée la façon dont l’affaire est engagée, la Madone mêlée à l’aventure, tout le monde me donnerait tort.

— Grâce ! grâce ! criaient toujours les curieux massés sur la place.

— Amis, répliqua enfin Pedro, si la Madone rend l’exécution impossible, à trois heures, je signerai la grâce de la condamnée.

— Viva lo gobernador ! rugit le peuple enthousiasmé. Viva lo gobernador et viva la Madona !

Par les rues voisines, les habitants s’écoulèrent, devisant avec animation de l’étrange incident qui venait d’avoir lieu.

Cependant Olivio s’était rapproché de soit frère :

— Pedro, dit-il d’une voix sourde, voulez-vous que nous soyons les jouets des drôles qui défendent Stella, qui ont troublé sa raison, qui l’ont fait participer à un crime odieux ?

— Non, mon frère. Je viens d’expédier aux lanceros l’ordre de garder la garrotta, et de n’en laisser approcher personne autre que l’exécuteur et ses aides.

— Ce n’est pas assez, Pedro.

— Pas assez questionna le gouverneur avec étonnement.

— Non.