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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/394

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— Vous, encore vous ?

— Mol-même, señor. Je me suis dit : « En la société de cet excellent Alcidus Noguer, il est impossible que le señor gouverneur n’ait pas gagné en bonté, en douceur. Et, ma foi, cela m’a encouragé à me présenter devant vous.

Interdit, quelque peu impressionné par l’audace de ce personnage qui, depuis la veille, se montrait à l’heure, à l’endroit, où on l’attendait le moins, Pedro reprit avec une nuance de fatigue :

— Enfin, que voulez-vous ?

— Vous prier encore de renoncer à l’exécution de Mlle Stella.

— Impossible.

Jean esquissa un geste dubitatif.

— Les gens de la ville se trompent donc, ou bien ils m’ont trompé.

— En quoi ?

— En affirmant que vous leur avez promis la grâce de la condamnée

— Ils disent vrai.

— En ce cas, pourquoi votre mot : impossible ?

— Parce que j’ai promis… conditionnellement.

L’ingénieur se frotta les mains :

— Une condition, parfait, je la remplirai.

— J’en doute.

— Voulez-vous cependant me la faire connaître ?

Avec un haussement d’épaules, Pedro ricana :

— Oh ! ce n’est pas un secret.

— Je suis tout oreilles, señor. Soyez assuré que jamais vos paroles n’auront été écoutées avec plus de recueillement.

— La garrotta n’a pu fonctionner ce matin. Sans aucun doute, vous savez d’où provient le dommage ?

— Je l’avoue sans difficulté, señor.

— Je m’en doutais. Or, en ce moment, on la remet en état.

— J’ai vu cela.

— Sous la garde d’un escadron de lanceros.

— Cinquante-quatre cavaliers, je les ai comptés.

Le sourire de Jean agaçait le gouverneur. Il continua, non sans vivacité :