Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je vous ai grande reconnaissance et immense estime d’avoir eu le courage rare de tout sacrifier à la justice.

Et faisant un pas en arrière :

— Confiant en votre loyauté, vous me verrez près de vous quand sonnera l’heure de vous rappeler votre parole.

D’un pas rapide, il disparut dans l’allée prise tout à l’heure par Alcidus.

Durant quelques secondes Pedro resta immobile, comme abasourdi.

Il n’eût pu dire s’il était satisfait ou non d’avoir cédé aux sollicitations de l’adversaire mystérieux d’Olivio.

Tout à coup, se frappant le front :

— J’ai été absurde. Cet homme a la certitude d’empêcher l’exécution. Que fera-t-il ? Je l’ignore ; mais il a prémédité quelque chose. Sans cela quelle valeur pourrait-il attacher à ma promesse ?

Et se tordant les mains :

— Et je devrai marcher contre Olivio. S’il a été coupable, est-ce à moi à le frapper ? Le frère doit-il verser le sang de son frère ? Suis-je Caïn pour jeter Abeļ en pâture à la mort ?

Il se dressa d’un bond :

— Non, cela ne sera pas. Ce Jean ne sortira pas de cette maison… Il ne lui sera fait aucun mal, et après, après, il sera libre.

Avec égarement, il bégaya :

— Après, après ? Mais si elle a dit vrai, cette jeune fille ! Si c’est une âme innocente que je laisse précipiter dans la nuit de la tombe, elle criera vengeance contre nous. La malédiction divine nous écrasera, nous et nos descendants.

Il serra les poings et gronda :

— Non, non, tout, mais pas fratricide.

Comme un fauve traqué, il se précipita dans le sentier.

Il allait à toute vitesse, lançant une imprécation à chaque sinuosité qui l’obligeait à ralentir sa course furieuse.

Or, précisément, à l’un de ces détours, il se trouva