Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, ne vous émotionnez pas.

Des femmes pénétrèrent dans la cellule. Employées de la geôle, elles venaient procéder à la dernière toilette de la condamnée.

Sommaire, la toilette.

Maintenir le cou dégagé, afin que l’instrument de supplice puisse opérer avec plus de facilité, avec moins de chances d’avaries.

D’ordinaire, on taille aussi les cheveux du patient dans le même but humanitaire et économique.

Mais la jeune fille, se souvenant que l’on respecte les dernières volontés des moribonds, supplia qu’on lui épargnât cette mutilation.

Ses caméristes improvisées comprirent ce vœu. Elles se dirent que perdre sa chevelure, parure adorable à laquelle on doit… la migraine et la fortune des marchands de postiches, c’est trépasser deux fois. Quelle femme est exempte de coquetterie ?

On se borna donc à relever sur le sommet de la tête les longues tresses de Stella.

Stella était prête à marcher au supplice. Un padre (curé) se présenta à son tour dans la cellule. Il venait exhorter la pauvre enfant au repentir, à l’aveu de ses crimes.

La veille, Crabb lui avait affirmé qu’elle serait sauvée, que Jean veillait sur elle.

Mais Jean n’était qu’un homme.

Il pouvait se tromper dans ses combinaisons, échouer par le fait d’une circonstance imprévue. Les desseins du mortel le plus habile ne sont-ils pas les jouets des circonstances ?

À envisager les choses du fond d’un cachot, on arrive aisément à broyer du noir, à perdre l’espérance. Et la captive tressaillait au moindre bruit, se disant :

— On vient me chercher, il est sept heures.

Pourtant le timbre de l’horloge de la prison tinta sept fois, sans que personne troublât la rêverie de la captive.

Le sourire reparut sur ses lèvres.

— Sept heures sont passées, fit-elle. Jean a triomphé.