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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/404

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entrer ; mais quand le peuple parle au nom de la Madone, les prisons s’ouvrent.

— Au nom de la Madone ! fit Stella pour qui ces paroles demeuraient incompréhensibles.

Ydna se prit à rire :

— C’est vrai. Je mets la charrue devant les buffles.

Et aux geôliers qui attendaient auprès d’elle :

— Vous ne trouverez pas mauvais que je lui explique, vous autres ?

Elle revint à la jeune fille :

— Ce matin, la garrota a été fendue, tordue. Le bourreau lui-même a déclaré que le mal n’avait pas été causé par une main humaine.

— Vraiment !

Maintenant, la captive entrevoyait la vérité. La visite d’Ydna faisait partie d’un plan ourdi par ses amis. Aussi redoubla-t-elle d’attention :

— Vraiment oui, señorita. J’étais là sur la place. Car il faut vous dire que je vous crois innocente, et je priais la Madone d’intervenir en votre faveur. Puis, avec énergie :

— Elle m’a exaucée… La garrotta a été mise hors de service sans le concours des hommes.

Ses yeux foudroyaient les geôliers qui, aussi naïfs que leurs concitoyens, courbaient la tête, convaincus déjà, de la miraculeuse intervention de la Madone.

— Les méchants, continua la prêtresse, ont décidé que l’exécution serait remise à trois heures, après réparation des dégâts, mais le señor gobernador a fait serment de vous gracier, si l’œuvre d’injustice ne s’accomplissait pas. Je suis sûr qu’elle n’aura pas lieu, sûre, entendez-vous, car la Madone n’abandonne pas-celles qu’une fois elle a jugées dignes de sa protection.

Les gardiens avaient ôté leurs bonnets. La tête basse, on voyait leurs lèvres remuer.

Sans doute, les braves gens priaient la Vierge couronnée d’étoiles de leur pardonner si, de par leur profession, leur gagne-pain, ils étaient contraints de maintenir captive sa protégée.

— Bref, reprit Ydna, on a voulu vous faire pré-