Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— À bas les lanceros !

— Ce ne sont pas des soldados.

— Non, ce sont des penaos (policiers) déguisés.

Ydna avait réussi à se glisser au premier rang ; sa voix claire sonna dans les groupes :

— Laissez ces malheureux. Ils sont obligés d’obéir à ceux qui tentent de résister à la volonté de la Madone.

— Ils seront punis.

— Pas eux, mais ceux qui les commandent.

— Oui, oui, que la Madone les écrase tous.

À ce moment, un curieux avisa Kasper et Cristino juchés sur l’échafaud.

— Tiens, fit-il, quels sont ceux-là ?

— Ce ne sont pas les exécuteurs de la ville, remarqua un bourgeois.

— Bon, ce sont des bourreaux amateurs, des bourreaux honoraires.

La foule siffla les deux hommes. Ydna se démenait parmi les spectateurs :

— Le bourreau n’a pas voulu frapper contre le désir de la Madone. On a été obligé d’avoir recours à des employés du señor Olivio de AVarca.

— Des pierres, des pierres, lapidons-les.

— Non. La reine des cieux est assez puissante pour se venger elle-même. Ce qu’il faut, c’est veiller à ce que Pedro de Avarca fasse grâce à la condamnée, comme il l’a promis.

— Oui, certes ; il l’a juré. Si la Vierge empêche l’exécution, il doit faire grâce.

— Et il la fera, gronda un forgeron tenant à la main un lourd marteau, il la fera ou bien, par le sang des martyrs ! je le jette sur mon enclume et je le bats jusqu’à ce qu’il ait l’épaisseur d’une barre de fer.


— Mon engagé et moi, avons nos carabines, gronda un géant blond qu’à son costume on reconnaissait pour un chasseur. Si le gobernador hésite, je l’abats comme un diable rouge.

Francis, car c’était lui, debout, son terrible fusil en main, avec Pierre à ses côtés, provoqua par ces paroles une véritable explosion d’enthousiasme.