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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/406

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« Chère Stella,

« Quand on vous conduira au supplice, revêtez ce manteau ; cachez votre doux visage sous le capuchon hermétiquement clos. Les ampoules bleues frapperont vos ennemis autour de vous ; mais sous l’abri de cette étoffe de laine, vous ne craindrez rien du froid. M. Jean affirme cela, et parle d’expériences décisives faites par un savant qu’il connaît. »

Le billet s’arrêtait là.

Curieusement, la prisonnière examina le manteau. L’étoffe, analogue au tissu des Pyrénées, mais incomparablement plus épaisse, devait, en effet, former un matelas imperméable entre son corps et l’air extérieur.

Puis elle se laissa tomber à genoux, et, les mains jointes tendues vers le ciel :

— Seigneur, protégez ceux qui se consacrent au salut de votre servante !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

De nouveau la foule accourut à la Praza da Pena.

Mais à l’orée des rues aboutissant sur la place, elle était arrêtée par des barrages de lanceros.

Cette précaution, soufflée à l’oreille d’Olivio par Alcidus Noguer, valait aux malheureux soldats des injures, des menaces.

— Va, va, clamait un artisan. Je te conseille, caporal Fantos, de venir chez moi, quand tu ne seras pas de service. Tu verras si je t’offre le mescal et le maté.

— Mais, Antonio… essayait d’expliquer l’interpellé.

— Rien, mon drôle, rien ! Je me mettrai sur ma porte, et je dirai comme toi : Arrière, on ne passe pas.

Tous les lanceros étaient en butte à des récriminations du même genre.

Ils objectaient bien qu’ils remplissaient une consigne, mais, allez donc faire comprendre à des gens que l’on empêche d’assister à un spectacle.