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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/413

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D’autres encore avaient escaladé l’échafaud. Des pieds, des mains, avec des haches, des couteaux, ils arrachaient des débris de bois, afin d’emporter une relique du miracle. Quand ils avaient leur fragment, ils le brandissaient ainsi qu’un trophée. On s’entassait, on s’écrasait sur la place. Sans cesse, les rues adjacentes vomissaient de nouveaux flots de populaire.

Et sous les fenêtres d’Olivio, une masse, de plus en plus imposante, menaçait d’incendier la maison, si la grâce promise à la Madone se faisait attendre encore.

D’un geste, Jean montra tout cela au gouverneur ; il lui désigna les lanceros séparés, disloqués, impuissants au milieu de cette irrésistible poussée des masses.

Pedro hocha la tête, ses yeux se levèrent vers le ciel, où flamboyait le soleil, et il leva la main.

— Silence, écoutez.

Cet ordre, lancé du dehors, rétablit le calme comme par enchantement.

— Señores, señoras, fit alors le gouverneur d’une voix mal assurée, comme vous, j’ai été profondément ému par l’incroyable événement qui vient de s’accomplir. Tel est le seul motif du retard que j’ai mis à vous apporter l’assurance que la señorita Stella a remise pleine et entière de sa condamnation.

Des acclamations frénétiques couvrirent ces dernières paroles.

Jean en profita pour enjoindre à Crabb et à Candi d’amener la jeune fille auprès de lui.

Et la foule, inquiète de ce mouvement, faisant mine de s’y opposer, il s’écria :

— Amis, Son Excellence le gouverneur-président est un honnête homme. Sa parole est sacrée. S’il vous faut encore une garantie, je suis, moi, le fiancé de la señorita, accusé comme elle de crimes dont nous sommes innocents. C’est entre le gobernador Pedro et moi qu’elle fera ses premiers pas dans la voue de la liberté reconquise. Gloire à la Madone !

De sa fenêtre, Olivio avait assisté à toute la scène.

Il avait reconnu Jean avant qu’il se nommât. Mais