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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/412

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— La Madone ne veut pas ! rugirent les plus voisins de la place.

— La Madone ne veut pas ! hurla-t-on de proche en proche.

Puis une clameur incessante bourdonna, comme l’orage se ruant de la montagne sur la vallée.

— Grace ! Grace ! Grâce à l’innocente !

Hébété, l’œil fixe, les mains crispées à la barre d’appui, Olivio regardait sans un mouvement. Tout s’effondrait sous lui. La preuve vivante de ses crimes, cette Stella dont il espérait être à jamais débarrassé, était sauvée.

Il restait seul. Une dernière poussée de l’ennemi implacable attachée à ses pas, et il roulerait dans la poussière.

Il y a un étonnement stupéfait chez ceux qui ont eu recours la force, le jour où la force se retourne contre eux. Olivio se sentait écrasé.

Son frère, retiré en arrière, s’était plongé dans un fauteuil de rotin, la tête basse, et sur ses joues pâlies coulaient silencieusement des larmes brûlantes.

Soudain, un tremblement convulsif le secoua. On venait de lui toucher le bras. Il leva des yeux hagards vers celui qui annonçait ainsi sa présence, et sa voix s’étrangla dans sa gorge en bégayant :

— Vous, monsieur Jean, vous ?

Au dehors, le tumulte croissait d’instant en instant. Comme une marée montante, la foule avait bousculé les lanciers, elle remplissait la place, criant avec une colère commençante :

— Grâce ! Grâce !

Jean força le gouverneur à se lever ; il l’entraîna doucement dans la chambre voisine, le conduisit à la croisée naguère occupée par les deux courtiers, et prononça ce seul mot :

— Regardez !

Aucun discours n’aurait eu l’éloquence du spectacle qu’offrait la place des exécutions.

Les curieux, exaltés, affolés, s’agenouillaient autour de Stella, toute blanche entre ses deux gardiens, Crabb et Candi. D’autres montraient le poing à Olivio.