Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trée, arrêtant ainsi la perte de sang et mettant le cheval en état de fournir encore une longue route.

Ces sorciers, ou médecins indigènes, possèdent, en effet, des connaissances de botanique médicinale auxquelles les guérisseurs d’Europe ont fait, sans l’avouer, de nombreux emprunts.

La veille seulement, la frontière péruvienne franchie, Jean, en s’enquérant auprès d’un vaquero, avait appris qu’un cavalier avait été vu, montant un cheval qu’une blessure à la jambe faisait boiter.

L’animal surmené devait être à bout de forces. On redoubla donc d’efforts.

Vers le soir, on atteignit une pauvre estancia (petite ferme), où l’on eut un instant de joie.

À l’écurie, on reconnut la monture d’Olivio.

Mais le cavalier avait changé son cheval contre un autre appartenant à l’ostanciero, et il avait continué sa route. Seulement, son départ ne remontait pas à plus de deux heures. On le gagnait enfin.

À présent, d’ailleurs, il ne bénéficierait plus de la supériorité de son coursier, supériorité qui seule jusqu’à ce moment lui avait permis de conserver son avance.

Tout le monde, Stella surtout, était fatigué.

On remit donc la poursuite au lendemain, et l’on dormit profondément sur les nattes de l’estancia, en dépit des maringouins que le voisinage d’une lagune attirait par milliers.

AU jour, la marche fut reprise.

Le pays, verdoyant pendant les premières étapes, avait changé d’aspect. Sec, rocailleux maintenant, il offrait l’aspect d’un désert torréfié. Bien loin, vers l’horizon, se dressait un chapelet de coteaux bleuâtres.

Ydna les avait désignés à ses compagnons.

— De l’autre côté, commence la Montana ou région des forêts. Là, nous ne serons plus qu’à une journée ; de marche du temple d’Incatl.

En attendant, les voyageurs ne rencontraient pas trace d’ombre. Le soleil épandait ses rayons sur la terre dénudée, et la poussière, soulevée par les sabots des chevaux, flottait longtemps encore après leur pas-