Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/427

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Alors, il mit pied à terre, tira de ses fontes un machete et posément, méthodiquement, il commença à trancher les lianes qui assuraient la stabilité du pont.

En cinq minutes, les liens sont coupés ; les solives du tablier sont indépendantes des pieux d’attache.

L’une après l’autre, Olivio les soulève, les fait glisser dans l’eau.

Le Ponte Novo n’existe plus.

La rivière coule rapide et profonde, séparant les poursuivants du poursuivi par la tranchée à pic de son lit.

Juste en face de l’emplacement du ponceau, un ravin étroit s’enfonce dans les coteaux rocheux. C’est une barranca, une coupure faite par les eaux torrentueuses de la saison des pluies.

Olivio, remonté en selle, s’y engage après un dernier et ironique regard au rio, protecteur liquide de sa fuite.

Il a disparu. De nouveau, les rives sont désertes. À de rares intervalles, un vautour urubu ou un condor, entraînés par la chasse loin des cimes des Andes, planent un moment tout au haut du ciel, d’un bleu vigoureux.

Les oiseaux de proie, à la vue perçante, s’aperçoivent que quelque chose est changé dans le paysage. Cela les inquiète. Toute modification peut cacher un danger. Aussi, après un instant, s’envolent-ils à tire-d’aile par-dessus les sommets des collines côtières de la Montana.

Cependant, à quelque distance en amont, Jean et sa petite troupe longent la rivière.

— Dans un Instant, dit Ydna, nous trouverons un pont. Au delà une barranca de cinq ou six kilomètres de développement, et puis la Montana ombreuse, arrosée. Nous ne suivrons pas la route qui, à six cents kilomètres d’ici, atteint le port de Trujillo, sur le Pacifique. Non. Je vous guiderai par le chemin des Incas, qui serpente à travers la forêt. De cette façon, peut-être arriverons-nous encore à Incatl avant l’homme qui fuit devant nous.

— Le ciel le veuille ! répond Jean.