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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/440

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trapus, tantôt figurant de frêles colonnettes, semblent soutenir le ciel de la grotte.

Des prêtres, aux vêtements chamarrés d’or, constellés de gemmes précieuses ; des prêtresses, aux tuniques blanches, portant toutes sur le front, retenu par un mince bandeau d’argent, un diamant étoilé, sont groupés devant l’autel du soleil.

Et dominant leur groupe, la statue du dieu, juchée sur un piédestal de granit, se dresse, avec son apparence étrange, sa face ronde auréolée d’une chevelure de rayons serpentins, tels des kriss malais.

Le Soleil est recouvert de sa robe jaune d’or, sur laquelle se détachent, en rouge éclatant, les cercles emblématiques de la vie éternelle ; cercles formés par une sarabande de lamas se poursuivant. Dans sa dextre, l’image sainte tient le sceptre de cristal, insigne de clarté, de vérité ; la gauche présente la sphère bleue, piquée de pointes d’or, représentation de la voûte céleste. Chacun de ces clous de métal, dans la théogonie inca, possède un nom, le nom d’un esprit inféodé au tout-puissant soleil. Ce sont Mar, Atuick-Ha, Li-Tetl, Bar-Titia, Asatl, Tosatl, Zasatl, Ourua, Phat, Mé-Apott, et cent autres, qui tous ont leur place dans les interminables litanies des derniers fidèles Incas.

En face des prêtres, des jeunes filles au frontal diamanté, Jean et ses amis sont debout. Mais ce n’est pas l’ingénieur qui parle. C’est Massiliague. Scipion a sollicité et obtenu le plaisir de porter la parole.

— Vé, a-t-il dit, parler au Soleil, ça me connaît. C’est un pays, un compatriote.

De fait, il fixe les yeux sur la divinité sans le moindre embarras, tout en répondant aux prêtres, quelque peu surpris de sa faconde.

— Qui es-tu ? demande le chef suprême du temple.

— Scipion Massiliague, ma caille, si ça ne te déplaît pas.

Les Vierges du Soleil se regardent, les compagnons du Marseillais sourient.

— D’où viens-tu ? continue le prêtre.

— De Marseille, hé donc, ça se voit pas ?

— Qu’est-ce que Marseille ?