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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/441

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— La ville que le Soleil il préfère, rascasse. Je te pardonne de pas le savoir, parce que tu es Inca, mais avé un autre, ce serait in cas de querelle.

Le calembour n’était pas à la portée du personnel du temple, mais les amis du joyeux garçon ne purent se tenir d’admirer le Provençal qui, à cette heure suprême, conservait une telle liberté d’esprit.

Pourtant le sourire disparut de leurs lèvres, quand la question suivante résonna grave, presque menaçante, enflée par les échos du sanctuaire souterrain :

— Et tu prétends être le Maître ?

— Oh ! que non, mon bon.

— Alors que viens-tu chercher parmi nous ?

— Je cherche rien, pécaïre ! je suis simplement le héraut du Maître.

— Où est celui que tu nommes ainsi ?

— Le voici.

Ce disant, Scipion désignait Jean Ça-Va-Bien.

Celui-ci, le cœur palpitant, adressa un long regard à Stella, à Ydna, les vaillantes compagnes de son pénible voyage. Puis, s’avançant d’un pas, il salua les derniers représentants du culte du Soleil, et attendit qu’ils lui adressassent la parole. Le grand prêtre l’examina. D’une voix adoucie, il murmura :

— Est-ce le Maître annoncé par la tradition ? Bien qu’il ne semblât point s’adresser directement à l’ingénieur, Jean répondit :

— Je suis en état de subir l’épreuve, qui doit vous faire reconnaître le Maître.

— L’épreuve ? L’épreuve ?

Comme un murmure, ces mots chuchotés emplirent la crypte. Prêtres subalternes, prêtresses avaient frissonné ; le col tendu, les yeux dilatés, ils considéraient avec une surprise craintive celui qui venait en termes si simples de se déclarer l’Hôte Attendu. Et l’accent du pontife trahit l’émotion lorsqu’il reprit :

— Tu sais l’épreuve ?

— Oui.

— Montre ton savoir.

— J’obéis.

Jean prit un temps, et lentement, sa voix affermie sonnant clairement dans le silence :