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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/446

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Jean a imité tous ses mouvements. Lui aussi brandit au-dessus de sa tête la dernière ampoule bleue que le ciel, en sa justice, a permis qu’il conservât jusqu’à cette heure.

L’assassinat plaisait au bandit. Le duel lui fait peur.

Et tandis qu’il hésite, son cheval, prenant son geste pour un appel, revient, pose sa tête sur l’épaule du bandit. Celui-ci ne l’a pas entendu venir ; il se croit attaqué par derrière, pousse un cri, se retourne. Dans ce mouvement, il glisse sur l’herbe, cherche vainement à se retenir et tombe, écrasant sur le sol la sphère de cristal. L’habituelle gerbe d’éclairs se produit. Le cheval roule auprès du cavalier. C’est l’immanente justice qui s’est chargée de châtier le coupable. Et de l’ombre du temple sortent Pedro, les Canadiens, Scipion, Marius, Ydna, Stella, Crabb, Candi, des prêtres, des prêtresses.

Ils acclament le Maître, dont la toute-puissance vient de frapper l’esprit du mal. Jean porte leur enthousiasme à son comble en s’écriant :

— Prêtres, gardez vos trésors, je vous les donne. Utilisez-les au mieux des intérêts de ceux qui souffrent. Qu’ils soient la rançon de celle que je vais prendre parmi vous, pour la rendre à une sœur qui l’aime sans la connaître.

Et comme les prêtresses se sont rangées sur une ligne, qu’Ydna a pris place au milieu d’elles, Jean continue :

— Grand prêtre, laquelle de ces jeunes filles fut enlevée à l’habitation Roland ?

Un murmure s’élève, aussitôt comprimé par le respect.

Le grand prêtre, incliné, balbutie :

— Maître ! maître ! Les rites défendent d’enseigner aux servantes du Soleil le lieu de leur naissance.

— je suis le maître, et j’ordonne !

— Tu me dégages de toute responsabilité vis-à-vis des dieux ?

— De toute.

— Alors, viens.

— Il entraîne l’ingénieur devant le rang frissonnant des vierges, et, s’arrêtant devant Ydna :

— Voici celle qui vit le jour à l’habitation Roland.