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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/48

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elle parut se recueillir, puis lentement, la voix abaissée, elle parla :

— Je dois reprendre de loin. En sachant comment mon père chéri a vécu, vous comprendrez pourquoi l’on a voulu sa mort.

« Chimiste de grande valeur, M. Roland avait été envoyé en mission en Amérique par le gouvernement français.

« Il avait parcouru la haute vallée du fleuve Amazone, étudié sa constitution géologique, percé le mystère de la formation des gîtes diamantifères, et c’est sur les conclusions de ses rapports que M. Deprest réussit à fabriquer, en laboratoire d’abord, de la poussière, ensuite de minuscules pierres de diamant.

— En d’autres termes, à obtenir la cristallisation du carbone pur, murmura l’ingénieur.

Stella sourit :

— Oui, mais n’interrompez pas. Je suis bien certaine que vous savez ces choses. Je reprends. Mon père arriva, en remontant le cours du Jurua, affluent du Maranon, branche principale de l’Amazone, à peu près au point où cette rivière, le Jurua, sert de frontière à trois États, le Brésil, la Bolivie et le Pérou.

« Attaqué une nuit par des salteadores (voleurs) de la prairie, il fut laissé pour mort sur le terrain. Quand il revint à la vie, il se trouva dans une grotte souterraine aux piliers enluminés de vives couleurs, aux parois recouvertes de sculptures capricieuses.

« Je vous ferai grâce des difficultés qu’il eut à vaincre pour apprendre où il revenait à la vie. Sa bonne étoile avait voulu qu’il tombât non loin d’un temple qui jouit d’une grande réputation dans la région, et que les indigènes nomment l’Incatl.

« C’est le dernier refuge de ceux qui pratiquent la religion des Incas, race royale qui régnait sur le Pérou, l’Équateur, la Bolivie, le Nord chilien et argen-