sacre. Là, dans une retraite ignorée, elle fut élevée.
« La tradition disait :
« Une fille inca amènera l’émancipation des nations américaines, et elle sera sacrifiée ensuite pour remercier les dieux. »
« Il fallait donc perpétuer la race inca. Il fut décidé que la jeune princesse serait mariée, et que sa première fille appartiendrait au temple, où elle serait élevée. On la marierait à son tour, et ainsi de suite. De la sorte, il y aurait toujours une fille inca prête à se dévouer à l’indépendance, lorsque l’heure marquée par les divinités sonnerait.
« — Depuis, la chaîne inca n’a jamais été rompue, dit ma mère. Notre fille est pour toujours séparée de nous.
« Et elle ajouta :
« — J’avais juré le secret, mais ma bouche n’a pu rester close pour toi. Vois par là combien je t’aime ; en parlant, j’ai fait le sacrifice de ma vie.
« — De ta vie ! se récria M. Roland.
« — Oui. Les prêtres m’avaient fait jurer sur les emblèmes saints du Soleil et du feu de la Terre !… La mort sera la punition de ma faute.
« — Non, tu ne mourras pas, car je contraindrai ma peine à rester muette. Je veux que tu vives, pauvre femme dont la douleur a été surhumaine. Je comprends maintenant pourquoi tu te désespérais avant d’être mère. Oui, oui, cette tradition maudite empoisonnait tes jours.
« Un an plus tard, poursuivit Stella, je naquis à mon tour.
« Ce fut une joie et une tristesse. Une joie parce que je n’étais pas menacée, moi, parce que mes parents savaient que l’on ne me ravirait pas à leur tendresse. Un chagrin, parce que ma présence ravivait le souvenir de ma sœur.
« Or, un soir que j’étais endormie dans mon berceau, ma mère assise auprès de ma couchette, mon