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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/65

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— Jean Ça-Va-Bien, de Paris, ingénieur et passager. Peut-être pourrais-je…

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase. Le pétulant Marseillais lui avait saisi les mains :

— De Paris, mon bon ! Eh ! Paris est un petit Marseille, lanfarou… Nous sommes compatriotes.

Puis, sans reprendre haleine :

— Je pense aussi que vous pourriez me renseigner ; votre obligeance me conquiert, et si jamais vous venez sur la Cannebière, nous déjeunerons ensemble : huîtres de la Madrague, bouillabaisse, tout le tremblement ! C’est, entre nous, à la vie, à la mort

Stella et Jean eurent un sourire. La faconde du Méridional les amusait. Celui-ci, d’ailleurs, trouvait sans doute ses propos les plus naturels du monde, car il poursuivit :

— Voilà la chose, mille diables, la voilà. Nous arrivons de Mexico, à la poursuite d’une señorita qui doit mourir…

Il était dit que Scipion n’achèverait pas encore son histoire cette fois, car le second du paquebot entra à ce moment dans la conversation.

— Vous avez demandé le capitaine, señor. À son défaut, je suis à votre disposition, moi, Nuñez Garcia, officier en second du Madalena.

Tout d’une pièce, Massiliague se tourna vers le nouveau venu.

— Monsieur Garcia, je suis votre serviteur, eh donc !

— Vous désiriez un renseignement ?

Le visage du Marseillais s’épanouit :

— Vous mettez le doigt sur la vérité, comme une tartare met le cap sur le vieux port de Marseille ; je vous essplique donc.

— Je suis tout oreilles, señor.

— Oh ! une seule suffit, la chose est d’une simplicité à être comprise d’une sardine. Nous venons de