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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/64

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ils poussèrent un soupir de satisfaction, et le Marseillais Scipion Massiliague s’écria :

— Nous voici sur le Madalena ; de gré ou de force la señora Dolorès vivra, bou dieou ! elle vivra.

Puis arrêtant un matelot qui passait :

— Écoute, mon brave, et réponds.

— À vos ordres, señor.

— Où est le capitaine ?

— À terre, señor, chez le commissaire de la Marine.

— Ah ! per lou diable, c’est fâcheux.

Le pétulant personnage fourrageait dans ses cheveux.

— Et il va être longtemps, ce digne capitaine ?

— Je ne sais pas, señor.

— Très fâcheux. Tu vas comprendre, mon brave garçon. Figure-toi que nous arrivons de Mexico, mes amis et moi, à la poursuite d’une señorita, qui doit mourir et que nous ne voulons pas qu’elle trépasse…

À ce moment, le marin, appelé à la manœuvre de la passerelle, échappa à l’étreinte du Marseillais, avec un bref :

— Pardon, señor, mon service.

Il s’éloigna sans en entendre davantage.

— Au diable ces Mexicains, gronda Scipion ; ils sont si exubérants qu’un honnête citoyen de Marseille, il peut pas placer un mot gros comme une fève ; pas vrai, Marius ?

— Vrai comme la clarté du soleil, appuya l’interpellé du ton le plus convaincu.

Jean et Stella, tirés de leurs réflexions par l’arrivée bruyante du Marseillais, n’avaient pas perdu un mot de la conversation.

Une sympathie soudaine les entraînait vers ces inconnus qui, de leur propre aveu, voyageaient pour arracher une femme a la mort.

Aussi l’ingénieur fit-il un pas vers Scipion et, se présentant :