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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/67

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Jean et Mlle Roland écoutaient curieusement :

— Vous dites ? interrogea le capitaine.

— La vérité pure, toute nue, telle qu’elle sort du cœur d’un Marseillais — et pressant son débit : — Il faut vous apprendre que nous étions six, nous ne sommes plus que quatre, parce que deux d’entre nous : Fabian Rosales et son fils Cigale, sont occupés, le père à gérer son hacienda au Mexique et à faire patienter ma fiancée, la délicieuse Vera ; le fils, à accomplir son service militaire à Cayenne, infanterie de marine ; après quoi, il épousera une charmante Hindoue du nom d’Anoor.

Le señor Armadas ouvrait des yeux énormes.

— Pardon, murmura-t-il, je ne comprends pas.

 Cette expression malencontreuse fit bondir Scipion.

— Eh ! bou dieou ! vous comprendrez jamais, si vous parlez tout le temps ! Permettez-moi de placer un mot et tout deviendra clair, limpide, comme l’onde de la Méditerranée.

Son interlocuteur ébaubi demeurant bouche bée, le Provençal reprit :

— Vous n’ignorez pas, je suppose, que, pour lutter contre les États-Unis saxons du Nord américain, tous les États celto-latins du Sud, du Mexique à la Patagonie, se confédèrent ? Or, pour arriver à ce résultat, il a fallu renouer la tradition d’alliance des Incas du Pérou et des Aztèques du Mexique, en un mot, retrouver, au prix de mille dangers, le symbole de cette alliance, un gorgerin, caché par les fidèles, lors du trépas du dernier prince aztèque, Montézuma.

Un flot de sang monta aux joues de l’officier.

— Je sais cela. Comme tout bon Sud américain, je vénère la sainte jeune fille, l’héroïne, qui a risqué ses jours pour conquérir le gorgerin d’alliance.

Et se découvrant, il ajouta d’un ton grave :

— Honneur à la señorita Dolprès pachero, la Mestiza !