Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— À la bonne heure, donc, vous êtes un homme de bien, presque un Moco, pécaïre ! Eh bien, capitaine, c’est nous qui accompagnions la Mestiza dans son expédition.

— Vous ?

— Et j’étais le champion du Sud, mon bon, moi, Massillague de Marseille.

L’officier se frappa le front.

— Mais oui, voilà bien le nom ; pardonnez-moi, señor, de ne l’avoir pas reconnu de suite.

D’un geste noble, Scipion sembla chasser les excuses de son interlocuteur.

— Point, point, capitaine. Je ne saurais me confire en vanité pour l’estant ; j’ai des choses plus graves à l’esprit.

— Graves, dites-vous ?

— Oui, car vous ignorez l’affreuse récompense qui attend le dévouement de la Mestiza.

— Affreuse récompense ?

— Hélas ! ma caille, je le dis : affreuse ! Car je ne trouve pas, même en provençal, la langue la plus opulente du monde, de vocable différent pour désigner la chose.

Le sourire aux lèvres, Stella ne perdait pas une syllabe de l’entretien. Soudain son rire se figea, son cœur cessa de battre.

Scipion venait de prononcer :

— Dolorès Pacheco, je l’ai appris trop tard, est prétresse du dernier temple consacré à la religion inca, au Soleil ; le dernier qui existe au Pérou, le temple Incatl.

— Le temple Incatl ? gémit Mlle Roland d’une voix tremblante.

— Vous le connaissez ?

À cette question du Marseillais, la jeune fille répliqua :

— Oui, le temple est même le but de mon voyage.