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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/77

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— Capodieou ! C’est une sainte, la Mestiza. Une fille pareille aurait sa statue à Marseille, et dans ce pays bête, on veut l’égorger comme un agnelet des Alpiles.

Puis changeant brusquement de ton :

— Eh ! bagasse ! Je ne veux pas qu’on la découpe… Si les Indiens comprennent pas, tant pis pour eusses. C’est un crime de détruire une si vaillante fille, vé ! Et ce n’est pas par un crime que l’on fait naître la liberté. Sauvons-la malgré elle.

— Ah ! répondit tristement le Canadien, pour la sauver, il faudrait savoir où elle est.

— Eh bé ! mais à bord, je suppose.

— Non. Le post-scriptum de sa lettre le dit.

Et Francis se reprit à lire :

« Je descends à terre. Cette fois, vous ne me rejoindrez plus. Oubliez, oubliez-moi. »

— Descendue à terre ?

— Oui, partie, hors d’atteinte.

— Où la chercher ?

— Où la retrouver ?

Les questions se croisaient ; tous parlaient en même temps. Soudain, l’organe sonore du Marseillais s’éleva :

— Bonnes gens, le plan est simple.

— Simple ? firent les auditeurs supris.

— Bé oui, mes colombes ; à Marseille, quand on veut trouver un cireur de chaussures, on se rend sur la Cannebière, parce que l’on sait que là est leur station préférée.

— Quel rapport ?

— Le rapport le plus étroit, bravounette : la doña a pour but le temple Incatl.

Francis fit entendre un véritable rugissement ; ses mains puissantes se serrèrent à faire craquer les os.

— Je comprends. Nous allons là-bas ; nous l’attendons et nous la protégeons.