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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/78

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— Contre les prêtres, le soleil et tout le tremblement, donc. À part ça, nous avons nos cabines, estallons-nous. Nous prendrons ainsi de l’avance sur la chère fugitive.

Réconfortés par l’idée du Marseillais, Francis, Pierre, Marius reprirent avec lui le chemin par lequel ils étaient venus.

Jean et sa compagne restèrent seuls, en face de la porte ouverte de la cabine 14.

Tous deux regardaient en silence la petite salle, veuve de sa passagère, la couchette suspendue, le hublot rond par lequel se glissait un gai rayon de soleil.

— Dire que c’est au nom de l’astre radieux, soupira Stella, que l’on veut tuer cette pauvre jeune fille. Le monde n’est-il donc composé que de victimes et de bourreaux ?

— Bon, fit Jean, il existe une troisième catégorie, celle des braves gens qui vengent les premières des seconds.

Stella le considéra avec mélancolie.

— Bien faibles, bien peu nombreux, ceux-là.

Mais l’ingénieur haussa les épaules :

— Bien forts au contraire, quand ils ont à leur disposition les armes forgées par leurs devanciers ; quand ils peuvent produire des températures, auprès desquelles le froid polaire paraîtrait brise de printemps.

Il y eut de l’étonnement joyeux dans les yeux de la jeune fille.

Jean sourit à sa muette interrogation et poursuivit d’un ton légèrement ironique :

— Ne pensez-vous pas que celui qui transmuera en pierre l’eau de la source sacrée, le Maître, comme le nomment les légendes incas, sera assez écouté pour sauver Mlle Ydna ou Dolorès.

Elle joignit les mains.

— Quoi, vous avez songé ?…