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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/80

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la science que des résultats physiques, bons seulement à gagner de l’argent. Son cerveau enfantin ne conçoit pas que chaque progrès matériel est un pas fait vers le mieux moral ; il ne sent pas l’apôtre dans le savant, la prière dans le travail, l’infini dans l’équation algébrique.

Stella serra la main de son compagnon. Elle comprenait, elle, la mission sainte de la science ; l’éclat de ses grands yeux le démontrait, et aussi, elle était reconnaissante à l’Ingénieur qui parlait, avec ce respect quasi religieux, des connaissances auxquelles M. Roland avait consacré son existence.

— Vous plaît-il de vous reposer ? fit encore Ça-Va-Bien. J’ai fait déposer la caisse aux globes d’air liquide dans ma cabine, rien ne vous embarrassera donc.

— Mais vous-même ?

— Je remonte sur le pont, le désire obtenir quelques renseignements complémentaires sur…

Il hésita, puis acheva gaiement :

— Sur… notre protégée inconnue ; peut-être tirerai-je de ses amis une indication favorable à nos projets.

Stella lui adressa un regard reconnaissant :

— Allez, mon ami, allez, j’ai confiance en vous, et dans ma détresse, je remercie le ciel de m’avoir donné un défenseur.

Il ne répondit pas, mais il éleva la main de la jeune fille jusqu’à ses lèvres ; puis, brusquement, il s’éloigna.

Elle, demeura sur place, suivant des yeux la silhouette de l’ingénieur déambulant dans le couloir. Elle le vit gravir l’escalier, à la main courante de cuivre, et quand il eut disparu, elle poussa un soupir.

— Les fleurs renaissent donc de leurs cendres, murmura la douce enfant. Je croyais mon cœur mort a l’affection, et maintenant…