Aller au contenu

Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/83

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y eut un instant de silence. La prêtresse d’Incatl respirait avec force. On eût dit qu’elle était partagée entre le désir et la crainte de parler.

— Oh ! murmura Mlle Roland, ne résistez pas à l’attraction qui nous conduit l’une vers l’autre. J’avais joie à vous servir, et vous peut-être seriez à même de me rendre service.

— Moi ?

— Vous. Et tenez, pour vous encourager, je veux vous donner l’exemple de la confiance, consentez-vous à m’écouter ?

— Oui, de grand cœur. Vos yeux disent la sincérité de votre âme. Moi aussi, croyez-le, j’aurais plaisir si, de notre rencontre, sortait quelque chose d’heureux pour vous.

Stella serra les mains de sa compagne. Puis lentement, n’omettant de son triste récit que la part relative aux boules d’air liquide, elle narra la terrible catastrophe de la montagne Pelée,

Le steamer Madalena s’était mis en marche. Un léger balancement indiquait qu’il avait quitté le port de Fort-de-France, qu’il fendait de son étrave les flots toujours agités de la mer des Antilles, Caribeen sea, comme l’appellent les Anglais.

Ni l’une ni l’autre n’y prenait garde. Stella disait l’éruption, la ville de Saint-Pierre anéantie, le sommeil profond qui avait étreint sa famille et elle-même.

Et puis l’intervention de Jean Ça-Va-Bien. Par un sentiment de réserve, la jeune fille ne présenta pas celui-ci comme un passant inconnu. Elle le désigna comme un frère. Le dévouement de l’ingénieur ne lui donnait-il pas droit à ce titre ?

Pensive, Ydna écoutait :

— Et maintenant, questionna-t-elle, où allez-vous ?

Stella la regarda bien en face.

— Nous gagnons le port de Sao-Luis de Moranhao, au Brésil.