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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/84

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— En quoi puis-je vous être utile ?

Un instant, Mlle Roland hésita.

Elle voulait parler du temple Incatl, but de son voyage, et en même temps elle tenait à ne pas trahir le pouvoir dont elle disposait. Il fallait avouer la vérité, sans laisser soupçonner à son interlocutrice qu’elle connaissait la tradition de la fontaine sacrée. Enfin, elle prit son parti :

— Nous voulons remonter le cours de l’Amazone.

— Remonter le fleuve ?

La voix d’Ydna exprima la surprise. Plus tendrement, l’orpheline étreignit ses mains :

— Je devrais le cacher, fit-elle, c’est un secret. Mais la sympathie, qui m’a conduite vers vous avant même que je vous aie aperçue, ne me permet pas de garder le silence.

Elle eut une dernière hésitation et se décidant soudain :

— Tant pis, dit-elle enfin, je crois à la sympathie, je vous avoue donc tout ; mon frère n’est pas mon frère…

— Qu’est-il donc ?

— Un inconnu qui m’a sauvée de la mort, ainsi que je vous le contais tout à l’heure, qui a voulu partager les dangers d’une mission terrible et douce que m’avait léguée mon père.

Un silence suivit.

La Mestiza paraissait réfléchir. Tout à coup, elle attira sa compagne à elle.

— Écoutez. Vous disiez à l’instant : Je crois à la sympathie…

— Certes !

— J’y crois également, mais je crois aussi à la volonté de la Madone. Si elle a permis notre rencontre, si elle nous a conduites l’une vers l’autre, c’est que de notre union doit naître une chose prévue par sa bonté, une chose heureuse.

Elle eut un triste sourire.