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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/89

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dans le steamer. La fugitive, ayant disparu des premières, doit, selon eux, s’être réfugiée parmi les passagers de seconde, ou même en troisième classe.

Stella, qui venait de rejoindre son sauveur sur le pont du Madalena, eut un haut-le-corps.

— Je pensais qu’elle avait quitté le paquebot.

— Moi aussi, je le croyais, mademoiselle ; mais le Marseillais Massiliague qui, par parenthèses, s’entend aussi bien à faire bavarder les autres qu’à bavarder lui-même, a interrogé les matelots préposés à Fort-de-France à la manœuvre de la passerelle du débarquement.

— Et ?

— Aucun de ces hommes n’a vu la Mestiza descendre à terre.

— Ah ! murmura la jeune fille dont les joues se nuancèrent d’incarnat.

— Conclusion : la fugitive est à bord. La lettre laissée dans sa cabine avait pour but de dérouter ses amis.

— Ils ne la trouveront pas, prononça étourdiment Mlle Roland.

Avec une nuance de surprise, Jean demanda :

— Pourquoi ?

Et comme elle se taisait :

— Vous l’avez rencontrée ?

— Oui.

Tous deux gardèrent un instant le silence. Enfin Stella reprit :

— Il ne faut pas le leur dire. Tous les marins du steamer sont des Mexicains, des Sudistes. Tous ont en vénération Dolorès Pacheco. Ils se ligueraient avec ses compagnons pour l’empêcher de se rendre au temple Incatl.

— Ils la sauveraient ainsi ; je cours avertir…

— C’est la condamner à mourir.

— Allons donc.

— Je vous le jure. Ydna croit que son trépas est