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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/9

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d’habitation, en arrière de laquelle s’étageaient sûr la pente des hangars aux toitures vitrées. Une cheminée de tôle, soutenue par des filins métalliques, s’élevait à dix mètres du sol, trahissant la destination usinière de ces dernières constructions.

Mais, à cette heure, rien ne bougeait. Aucun bruit, aucune fumée n’indiquait le travail.

Jean remarqua tout cela sans y attacher d’importance… Sa pensée était ailleurs. Il cherchait le sentier dont lui avait parlé Maria.

Il l’aperçut enfin et pressa sa monture ; mais, soudain, il exerça une traction sur les rênes, arrêtant net l’animal qui ploya sur ses jarrets.

Pour rejoindre la sente, il avait été obligé de longer le bâtiment d’habitation et, derrière une fenêtre ouverte, ses yeux avaient distingué une jeune fille assise dans un large fauteuil de rotin.

L’apparition était exquise.

Sous des cheveux noir bleu, un teint ambré, des lèvres rouges, de longs cils formant une frange soyeuse à des paupières nacrées… ; puis une longue robe blanche, d’où jaillissaient un col élégant et flexible, des mains d’une suprême élégance.

Le store de lattis jaune tamisait la lumière extérieure, et la dormeuse, — elle n’avait fait aucun mouvement — semblait une silhouette imprécise flottant dans un brouillard d’or.

Voilà ce qui avait motivé le brusque arrêt du cavalier.

Il rougit de son incorrection, salua profondément, bien que la jeune fille endormie n’eût pu être blessée par sa pantomime admirative, et, rendant la main ; engagea son cheval dans le sentier conduisant à la rivière Blanche.

Or, à cet instant, de l’autre côté de la rivière, sur la pente même du mont Pelé, deux hommes causaient.

Masqués en partie par un des rares bouquets de