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Page:Ivoi - Les Semeurs de glace.djvu/8

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— Toi trembler au lieu de rire, si ti savais…

— Moi jamais trembler, plaisanta le cavalier… jamais, tu entends… toujours gai, c’est pourquoi l’on m’appelle Jean Ça-Va-Bien… Or donc, trêve de paroles inutiles… Je ne puis admettre que, passant à proximité d’un volcan en éruption, je n’aille pas le reluquer d’un peu près… Ce jour, 8 mai 1902, je foulerai le mont Pelé, parce que j’ai décidé qu’il en serait ainsi… En conséquence, aimable beauté dont le teint a la fraîcheur d’une boule à pot-au-feu, laisse de côté tes jérémiades et indique-moi la route à suivre.

La vieille secoua la tête, haussa les épaules :

— Li blanc, toujours volontaire ; li pas écouter pauvres noirs.

— Eh bien !…

— Maria obéir à ti… ti écouter.

De la main, elle désigna une maison spacieuse située à quelque distance, sur la ponte du morne Rouge descendant au lit de la rivière Blanche.

— Ti voir jolie habitation de savant Roland ?

— Je vois.

— Ti galoper jusqu’à li… trouver là sentier qui descend à la rivière, au-dessus de l’endroit où a commencé la coulée de lave… là, tit pont de bois a pas été touché… ti traverser et arriver pied de mont Pelé… mais si ti suivi conseil négresse…

Jean — il s’était donné ce nom — n’en écouta pas davantage.

Jetant une pièce de monnaie aux pieds de la femme noire, il éperonna son cheval, qui fit un bond et s’élança à toute allure dans la direction de l’habitation Roland.

La vieille ramassa la pièce, hocha le chef d’un air de pitié et prit le chemin de la ville, sans plus s’inquiéter du voyageur auquel elle avait indiqué sa route.

Lui cependant arrivait auprès du logis Roland.

La propriété se composait d’une élégante maison