— Je vous présente M. le colonel Wingate, fit cérémonieusement Kitchener.
Et les officiers français ayant répondu par un salut correct mais froid.
— Si vous le jugez bon, le colonel choisira, de concert avec celui de vos compagnons que vous voudrez bien désigner, l’emplacement où seront arborées les couleurs anglaises.
La figure du commandant Marchand se contracta légèrement.
Pourtant cette émotion ne dura qu’une seconde.
Le chef de la mission Congo-Nil appuya la main sur l’épaule de son compagnon.
— Monsieur le capitaine Germain, dit-il, vous voudrez bien vous entendre à ce sujet avec M. le colonel Wingate.
Tous étaient debout.
On échangea un froid salut et les officiers français redescendaient dans le canot qui les avait amenés.
Un quart d’heure plus tard, une chaloupe quittait le Fatah.
Elle amenait à terre le délégué du sirdar.
Germain se porta à sa rencontre et reçut le colonel au débarqué.
Tous deux parcoururent le retranchement, tandis qu’à deux cents mètres de la tranchée occupée par les tirailleurs, les chalands anglais déversaient sur le rivage un flot humain.
Les deux mille hommes du sirdar se rangeaient en face des deux cents Sénégalais du commandant Marchand.
Cependant Germain discutait avec Wingate.
En fin de compte, ils choisirent pour l’érection du drapeau anglais un bastion en ruines dans la partie sud des vieilles fortifications, à environ cinq cents mètres du moudirieh sur lequel se balançait le pavillon tricolore.
Ceci fait, Wingate retourna auprès du sirdar rendre compte de sa mission.
Le capitaine Germain, de son côté, rejoignit son chef.
Alors, impuissants, rongeant leur frein, pâles et les yeux luisants de colère, les Français assistèrent à la cérémonie de la prise de possession de Fachoda.
Les troupes anglaises s’étaient massées en face du bastion désigné.
Plusieurs soldats, dirigés par des sous-officiers, y plan-