tèrent solidement un mât, au haut duquel le pavillon fut hissé.
Alors les régiments britanniques présentèrent les armes.
Et comme les Français, noirs et blancs, regardaient les dents serrées, une détonation violente éclata sur le Nil.
Tous tournèrent les yeux de ce côté.
Une fumée bleue montait lentement au-dessus de l’une des canonnières.
Et soudain un jet de flamme jaillit de ses flancs d’acier, de nouveau une explosion ébranla l’atmosphère.
Puis les autres vapeurs se mirent de la partie.
Les Anglais saluaient le drapeau d’une salve de vingt et un coups de canon.
Sur les terrasses des maisons, dans les rues, les Fachodanais s’abordaient inquiets, ne comprenant rien à ce qui se passait.
Les Français comprenaient, eux, et leur cœur saignait.
Enfin l’artillerie se tut.
Les troupes se disloquèrent.
Et là-bas, sur le bastion ruiné, le drapeau égyptien flotta seul, suprême raillerie du plus fort.
Puis un mouvement se produisit.
Une partie des soldats britanniques se rembarquaient.
Le sirdar venait de nommer le major Jackson gouverneur de Fachoda pour l’Angleterre.
Il lui laissait un bataillon d’infanterie, quatre canons et une canonnière.
Mais avant de quitter lui-même le pays, il adressa au commandant Marchand une lettre, par laquelle il protestait, au nom des gouvernements égyptien et anglais, contre toute occupation par la France, d’un territoire quelconque dans la vallée du Nil.
Il avisait en même temps le chef de la mission que, ayant arboré le drapeau égyptien sur Fachoda, le gouvernement de ce pays était formellement repris par l’Égypte et que le Kaimaikan Jackson-Bey en était nommé gouverneur à la date du 19 septembre.
Comme on le voit, le sirdar abusait de la supériorité de ses forces pour commettre une véritable trahison, pour violer cyniquement la parole donnée.
Il avait été convenu, dans l’entrevue des deux officiers,