Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/183

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sur mon temps de service militaire les mois que j’y consacrerais.

— Vous me l’avez dit.

— Or, Scipion Massiliague, de Marseille, que la Vierge mexicaine — puisque l’on nomme ainsi Dolorès — avait associé à son entreprise, a été enlevé et est actuellement prisonnier des Américains du Nord, qui veulent empêcher par tous les moyens l’union des Sudistes.

— Leur suprématie sur les deux Amériques serait menacée.

— Naturellement. Vous connaissez la question mieux que moi, vous, señor. Vous êtes Français d’origine, mais vous habitez le pays depuis longtemps.

— Hélas !

— Vous ne vous étonnerez donc pas que moi, Parisien, Celte par conséquent, je parte avec la señorita Dolorès, et les chasseurs canadiens Francis et Pierre qui se sont offerts à suppléer Massiliague captif contre les Saxons du Nord.

— Je vous approuve des deux mains, mon cher hôte. 

— Merci. Tous, nous brûlons de mener à bien l’entreprise. Le succès sera le signal de la délivrance du brave Marseillais qui avait assumé le périlleux honneur de devenir le champion des Sudistes.

— Cela prouve la noblesse de vos sentiments.

Cigale eut un vague sourire et d’un ton insinuant :

— Alors, señor, si nous agissions autrement, nous vous paraîtrions moins nobles.

— Je ne dis pas cela.

— Mais vous le pensez certainement. Vous pouvez parler sans crainte de me froisser, puisque précisément j’ai adopté l’attitude que vous préférez.

— Vous avez raison, señor Cigale. Je vous dévoilerai donc ma pensée tout entière. Des Français qui demeureraient indifférents devant l’œuvre de la señorita Dolorès Pacheco, me sembleraient presque des traîtres à la cause de la civilisation. Moi-même, j’ai télégraphié à un mien ami. S’il peut prendre la direction de ma propriété, je suivrai la Doña.

— Parfait, s’exclama le Parisien, en se frottant les mains.

Une nuance d’étonnement parut dans le regard de l’hacendado.

— Ma confidence semble vous enchanter ?