Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/192

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que ça. Allons-y, chef… Pour commencer, tâchons de savoir ce qui attire les diables rouges par ici.

Les chevaux gravissaient la pente douce de la rive gauche du rio. Là, les traces reprenaient sur une longueur de plusieurs milles ; les Canadiens les suivirent. Ils arrivaient dans un vallonnement étranglé entre deux monticules peu élevés, quand Francis arrêta brusquement sa monture.

— Ils ont campé ici.

— Et même ils ont fait du feu, comme s’ils n’avaient rien à craindre.

— La manada les a rejoints.

— En effet.

Les Canadiens s’entre-regardèrent. Pour des routiers du llano comme eux, il y avait une anomalie incompréhensible dans la conduite des Apaches, effectuant la marche de guerre et allumant des foyers.

Contre quel ennemi s’étaient-ils donc levés ? À coup sûr un ennemi peu redoutable, puisqu’ils dédaignaient de prendre la précaution élémentaire d’éviter la fumée.

Rien du reste n’éclaira les Canadiens.

De guerre lasse, ils reprirent la piste. 

Maintenant les Indiens étaient montés. Ils s’étaient groupés en un peloton compact, mais les traces des sabots permettaient d’évaluer à une centaine le nombre des cavaliers.

Tous étaient partis dans la direction de l’est.

Éperonnant leurs montures, Francis et Pierre parcoururent encore quelques kilomètres, sans que les traces déviassent à droite ou à gauche.

— Oh ! remarqua enfin Pierre, leur but est éloigné, car ils ont mis leurs bêtes à un trot modéré.

— Signe qu’il doit être soutenu longtemps.

— Précisément, chef.

— D’autre part, l’absence de toute précaution indique que ce parti d’Indiens ignorait notre présence sur le Rio Pecos.

— C’est aussi mon avis.

— Cependant, ils pourront nous gêner dans l’avenir. D’après les indications de la doña, je pense qu’elle veut tenter de gagner le territoire indien. Les Apaches vont de ce côté ; ils nous barreront donc la route à un moment donné.

— Tant mieux… cela nous retardera comme vous le souhaitez, chef.