Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui. Revenons au camp.

Tout le monde les attendait avec inquiétude ; aussi leur retour provoqua-t-il une véritable explosion de joie.

Les renseignements qu’ils rapportaient démontraient qu’aucun danger immédiat ne menaçait la petite troupe. Dès lors, rien n’empêchait les voyageurs de poursuivre leur route.

C’est ce qui fut décidé dans un conseil rapide, ou le Puma avait été admis.

Le chef mayo avait pris un air anxieux à l’audition du récit des Canadiens.

Ceux-ci lui demandèrent la raison de son souci.

— Piste de guerre, jamais de feux de campement.

— Pourtant nous les avons vus.

— Oui, oui, le Puma en est sûr… il sait que les chasseurs ont l’œil perçant de l’aigle et qu’ils ignorent la peur qui obscurcit les regards.

— Que supposez-vous donc, chef ?

— Guerre pas ici… beaucoup plus loin… Apaches se rendent à conseil des tribus. Marche de guerre, par respect pour le conseil. Foyers, parce que rien n’est à redouter encore de l’ennemi.

Oui, ce devait être cela. La netteté de l’explication fournie par le Mayo frappa tous les assistants.

— Mais, Puma, questionna alors Dolorès, ne soupçonnez-vous pas à quels adversaires les Apaches vont chercher noise ?

Quien sabe (qui le sait ?), Doña… Là-bas dans l’est est la puissante confédération des Séminoles. Elle compte des milliers de guerriers qui combattent comme les blancs, en rangs serrés. Jamais les Apaches n’oseraient attaquer pareille puissance. Peut-être, ces pillards projettent-ils une expédition contre un presidio mal défendu. Quien sabe ? répéta-t-il avec un haussement d’épaule… Quand le coyote (loup des prairies) quitte son terrier, il a soif de sang. L’Apache est comme le coyote. Il y aura des flaques rouges sur la terre, et des chevelures flotteront à l’arçon des selles.

Malgré ces prédictions funèbres, la petite troupe continua sa marche à travers le désert. Car à présent, au dédale des montagnes, avait succédé là plaine aux herbes jaunies.

Au moindre souffle de vent, des tourbillons de poussière s’élevaient, et la poudre, impalpable pénétrait