Page:Ivoi - Massiliague de Marseille.djvu/206

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Nous passerons la nuit ici. Pourvu que les Comanches surviennent. Que font donc ces vermines ? D’ordinaire, elles sont plus rapides.

Il a un regard anxieux sur la prairie. Jamais fiancé ne fut aussi impatient de voir apparaître sa future que le Canadien d’apercevoir ses ennemis rouges.

Mais les tentes s’agitent, les toiles tendues frissonnent. Un murmure confus de voix indique que la caravane s’éveille.

— Puma, appelle la voix de Dolorès.

Le Mayo accourt. Devant l’entrée de la tente de la Mestiza, il attend ses ordres.

— Chef, reprend la jeune fille, faites harnacher les mules.

— Le désir de la Doña va être exaucé.

D’un geste large, il montre le parc dès animaux à ses guerriers. Ceux-ci ont compris. Ils se précipitent ; mais soudain ils s’arrêtent.

En dépit du flegme indien, que les Peaux-Rouges considèrent comme la première vertu de l’homme, ils ne peuvent cacher leur surprise. L’un d’eux revient vers son chef :

— Les guerriers du Puma ne peuvent exécuter ses ordres.

— Pourquoi cela ?

— Les Ichamoïs (mauvais esprit) sont dans la peau des chevaux, des mules.

— Les Ichamoïs ? Que signifie cela ?

— Que les yeux du chef regardent.

Dolorès a entendu. Plus vite que le Puma, elle parvient auprès des animaux. Elle aussi fait halte, interdite.

Une partie des quadrupèdes est étendue sur le sol. Mules ou chevaux halètent, leurs flancs se soulèvent précipitamment ; de leurs naseaux s’échappe une respiration rauque, sifflante. Leur poil est couvert de sueur.

— Mais ces pauvres bêtes sont malades, s’écrie la jeune fille.

Le Puma ne répond pas. Les sourcils froncés, il cherche à deviner la cause de l’incident, mais il ne trouve rien.

Les Mayos ne sont pas une race de cavaliers comme les Indiens du Texas. Leurs tribus, fixées sur les rives du golfe de Californie, sont sédentaires. Piétons d’habitude, ils ignorent les procédés usités dans le