— Du secours ?
— Auprès des ennemis nés des Apaches et des Comanches.
— Les Séminoles ?
— Dont les villages occupent les rives de la rivière Canadienne.
Puis après un silence :
— J’ai tenu à te confier cela. Si je meurs, c’est toi qui iras vers les Séminoles.
— Bon, alors je ne partirai pas de longtemps.
Gairon secoua pensivement la tête :
— L’avenir est voilé aux yeux des hommes ; tel qui semble plein de force a déjà un pied dans la tombe. Promets-moi de faire ce que je t’ai indiqué ; au cas où une balle me retrancherait du nombre des vivants.
L’engagé étendit gravement la main :
— Je vous le jure, chef.
— C’est bien. Merci. À présent je suis plus tranquille.
Francis achevait à peine que le hululement de la chouette retentit au fond du gouffre.
— Écoutez, chef, murmura l’engagé.
— J’ai entendu.
— Ces damnés Apaches ont eu la même pensée que vous : une bande des leurs s’est glissée dans le Val Noir. Ils nous avertissent que, de ce côté également, la retraite est coupée.
Et avec un geste violent :
— Ah ! chiens immondes, ils se moquent de nous. J’ai envie de répondre par un coup de carabine…
— Garde-t’en bien, se récria Gairon. Leur présence ne nous empêchera pas de passer, toi ou moi, quand le moment sera venu.
Puis baissant la voix :
— En ce point, les eaux du lac baignent le pied de la falaise.
— Bon, avec les Peaux-Rouges qui gardent le rivage, c’est complet.
— Ne te prononce pas si vite. Au flanc des rochers, à mi-hauteur environ, est accrochée une étroite corniche, qui semble se perdre dans une accumulation d’énormes blocs de basalte.
— Ah ! ah !
— L’apparence est trompeuse. Le chemin continue et débouche au nord de la vallée par un défilé qui permet d’en sortir.